À force de passer des années dans les rues de plusieurs pays, je peux vous dire (et c’est juste une observation, je ne sais pas si elle est pertinente ou utile) que la façon d’être des chiens (et autres animaux domestiques) est un excellent indicateur pour dresser une caricature réaliste des humains du même endroit.
Par exemple aujourd’hui, ici dans la campagne colombienne, je me suis fait méchamment aboyé par un groupe de 4 chiens qui se dirigeaient tranquillement vers moi en me montrant les dents. Quand je me suis penché pour ramasser quelques petits cailloux, ils ont tous fait demi-tour, mais en continuant quand-même à aboyer de loin.
Ce comportement, lorsque vous avez comme moi le temps pour regarder des chiens et voyager et réfléchir, en dit très long sur la culture animale et humaine locale.
J’ai connu plusieurs chiens comme ça, et des humains aussi. Ils aboient un peu trop et ne savent même pas pourquoi. Ils ont un instinct tribal et aiment bien se mettre en meute. Ils sont corrompus et avides. Tu leur lances un petit os et ils changent soudainement d’attitude. Tu leur montres un petit caillou ou un petit bâton et ils changent aussi soudainement d’attitude. Tout Africain ou Latino connaît très bien ce type de chiens, ou bien littéralement par l’observation directe des chiens errants dans les rues et campagnes du pays, ou bien métaphoriquement à travers ses propres connaissances chez les humains, des membres de sa famille, ou bien la classe politique régnante.
J’ai sinon connu et observé des chiens, des chats, des vaches… dans d’autres pays comme au Canada ou en Europe. Leurs chiens sont plus éduqués. En Allemagne, j’ai vu un Allemand montrer à sa chienne comment traverser la rue sur un passage piéton. Et de toute façon, la plupart marchent dans la rue avec une laisse, ont des numéros enregistrés au gouvernement, ils et elles ont leurs vaccins, une nourriture propre, ils payent leurs impôts, obéissent aux lois, et ont même des hôtels pour chiens, coachs, psychologues, kinésithérapeutes, jouets, comptes Instagram, etc.
J’ai vu un Québécois emmener son chat se faire conseiller par rapport au surpoids de son animal domestique.
J’ai vu un Français laisser son chien attendre devant sa nourriture pour le coup de sifflet avant de manger.
Les enfants dans les écoles de ces pays sont bien éduqués de la même manière que leurs animaux de compagnie. Par contre, ici où je me trouve, les chiens et les enfants sont sales. Le pays est géré par des gouvernements criminels et des groupes paramilitaires qui sont aussi criminels.
Mais les chiens, comme les humains, jouissent ici de certaines délicieuses libertés, et se sentent bien vivants au travers de leurs joies et de leurs misères.
Voilà comment, à travers la sociologie des chiens, je peux quasiment prédire l’esprit général du pays que je visite.